Le fait que des poissons aient réussi à manger l'appat sans se faire prendre à l'hameçon ne change rien au fait qu'il y a un hameçon. Ce qui traduit la volonté, c'est la présence de l'hameçon, pas son efficacité. Je n'ai pas de doute sur les intentions de la FFVE. Mais pour faire un accord, il faut 2 parties et une de ses parties est le gouvernement.
Pour faire un parallèle, je vais rappeler l'histoire du système de santé public français: J'étais persuadé comme toute personne ayant grandi en France qu'il était le meilleur du monde. Puis, arrivant en Suisse, je découvre que l'immense majorité des frontaliers - qui avaient le choix entre public français, privé français ou privé suisse - ne choisissaient pas le système public français. Bizarre vu que pour moi, il n'avait que des avantages. Puis un jour, le gouvernement a mis de l'ordre là dedans et imposé à ces frontaliers de rejoindre le système public français. Comment justifier ceci? Depuis quand on force les gens à profiter d'une fleur? A moins que la fleur n'en soit pas une?
Donc en gros, quand on met en place de l'irréversibilité, c'est qu'on pense que l'intérêt bien compris de l'acteur pourrait être (aujourd'hui ou à l'avenir) de sortir et donc on met une barrière pour l'en empêcher. Il n'est pas anormal que la barrière ne soit pas très fiable en ce moment car à ce jour, l'appat est bien là et les conséquences négatives absentes donc on peut se contenter de surveiller la frontière sans vraiment la fermer. La FFVE dans son euphorie a peut être accepté cette concession sans voir de souci car actuellement, cette barrière n'est pas un problème. Mais si le gouvernement l'a négociée, c'est bien pour pouvoir s'en servir un jour d'autant qu'elle n'existe pas dans les autres pays que je connais et donc ce n'est pas un copier/coller par défaut mais bien une volonté et donc la question est de savoir ce que cache cette volonté.
Je terminerai par un dernier exemple pour illustrer ma démarche. Au début de ma carrière, je travaillais dans une entreprise qui venait de se faire racheter par une bien plus grosse, mais les 2 entreprises étaient supposées garder leur indépendance. Je déjeune avec une connaissance qui travaillait dans l'autre entreprise et elle me dit:"Tiens, on va avoir un nouveau chef, c'est X". Et X était mon chef du moment. De retour du déjeuner, ne sachant pas si c'était une bonne ou mauvaise nouvelle, je suis allé voir X pour lui demander ce qu'il pensait de ce rachat par la grosse boite. Réponse de X:"La grosse boite, c'est un mastodonte, y'a rien qui va changer avant des années". Donc je ne savais pas ce qui se tramait, mais en revanche, je savais un truc: mon chef qui lui savait cherchait à ce que je ne me doute de rien et donc il pensait que si je découvrais ce qui se tramait, j'allais partir. J'ai donc démissionné sur cette base ... et la suite de l'histoire m'a montré à quel point j'avais eu raison de le faire au moment où tout semblait parfait, sauf un petit signal faible: cette volonté de cacher l'information. Donc d'expérience, je fais très attention aux signaux faibles et l'irréversibilité de la CGC me semble en être un un. Je suis incapable de dire si à un moment cet aspect deviendra un vrai problème, mais je me dis que pour quelques dizaines d'EUR à gagner chaque année sur des autos qui en valent des dizaines de milliers, je ne pense pas que le jeu en vaille la chandelle, quand bien même je ne doute pas des bonnes intentions de la FFVE. Pour moi, il n'existe pas d'accord déséquilibré et donc même s'il n'y avait pas cette irréversibilité, tant que je ne comprends pas ce que gagnent toutes les parties au contrat, je ne rentre pas dans le contrat. C'est ce genre de logique qui m'a permis dans ma carrière d'éviter Madoff (je comprenais pas comment il obtenait de si beaux résultats) ou la faillite de Lehman Brothers (les obligations de ce dernier rapportaient un max un an avant la faillite et je me suis fait traiter de parano de dire que s'ils payaient tant, c'était bien pour couvrir un risque et donc quand on me disait que c'était sans risque, je n'y croyais pas). Donc plus que parano, je pense que c'est du bon sens: les actions altruistes pures sont rarissimes. On en trouve entre membres de communautés comme les forums, et encore, pas tous et par ailleurs, quelque part la mutualisation du savoir fait que si on reçoit, on donne aussi et donc ce n'est pas tout à fait un don gratuit même si c'est l'esprit. Idem pour les pièces: il y a un intérêt à se les échanger car un jour c'est moi qui ai une pièce que je n'utilise pas et qui est vitale pour un autre, un autre jour ce sera le contraire. Mais dans le du deal décroché par la FFVE avec le gouvernement, il y a le gouvernement. Et je ne vois toujours pas ce qu'il gagne à s'asseoir sur des rentrées fiscales et à autoriser un CT plus risqué pour ces autos tout en les laissant polluer les centres ville (car soyons honnête, nos auto polluent pas mal, c'est un fait) et ceci alors qu'il manque terriblement de recettes. Je pense qu'il est important de comprendre l'intérêt du gouvernement avant de se jeter sur l'appat de la CGC. Ca ne change rien à tout le bon travail de représentation des intérêts que fait la FFVE, c'est juste que la FFVE n'est pas le seul acteur dans l'histoire, il y a aussi le gouvernement. Et lui, je crois nettement moins à sa bienveillance.
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