Ayo !
Dimanche après-midi, Pierre m'a téléphoné depuis Courbessac, car il souhaitait faire le plein d'essence avant d'arriver à la maison: "Tu me trouveras facilement au bord de la route, je suis dans une 11 Légère noire de 1956..."
"Bin, je viens te chercher, mais tu ne me reconnaîtras pas, pasque je viens en moderne..."
Un peu avant Courbessac, j'aperçois une Traction noire garée sur le bas côté.
Je m'arrête.
Mais avant que le conducteur de la Traction ne lève le nez de dessous son capot-moteur ouvert, d'où se dégageait une épaisse fumée noire, je me rends compte que ce n'est pas une 11BL 1956, mais une 11B 1951.
"Ce n'est pas Pierre !"
Alors je redémarre en trombe, laissant s'évanouir la lueur d'espoir qui commençait à naître derrière les petites lunettes qui cachaient mal le regard abattu du grand barbu - qui devait être le chauffeur de cette Traction en difficulté...
En plus, la 11 de Pierre est immatriculée en Suisse, dans le canton de Vaud, alors que celle-ci était immatriculée en Italie, peut-être même à Rome...
Continuant ma route, je retrouve enfin Pierre et sa Traction, quelques km plus loin.
Après avoir fait le plein de la Traction de Pierre, nous sommes repartis en sens inverse, en direction de la maison.
A l'endroit où il m'avait semblé reconnaître une 11B 1951, ne subsistait qu'une carcasse calcinée, d'où se dégageaient encore quelques fumerolles.
"J'ai bien fait de ne pas rester, il aurait pu foutre aussi le feu à ma voiture !"
De nos jours, les gens ne respectent vraiment plus rien !
Pierre était un peu fatigué, mais content d'avoir revu Isabelle et Jean-Jacques, d'être enfin passé au Cirque de Navacelles et d'être arrivé à sa destination du jour, sans problème majeur.
1017 kms en 2 jours: chapeau bas !
Consommation moyenne: moins de 10 l aux cent.
Nous avons papoté jusque tard dans la soirée, en dégustant les produits régionaux et néanmoins spécialités suisses que Pierre avait amenés dans son panier en osier hors concours: des oeufs durs peints en couleur, du pâté de foie en tube "Le Parfait", ainsi qu'une espèce de salami des Frisons aussi bon qu'il était dur.
Comme il y avait école le lendemain, j'ai raccompagné Pierre au seuil de la chambre d'hôte ou il allait dormir (pour Gégé, celle à côté de l'église).
Sa 11 Légère est restée sagement dans la cour de notre maison, pour ne pas passer la nuit dans les ruelles étroites et mal éclairées du centre du village.
Ce matin, après avoir déposé les filles à l'école, j'ai été reprendre Pierre au Mazel et l'ai déposé auprès de sa 11 Légère. Elle a redémarré au 1/4 de tour, comme à son habitude.
Nous nous quittâmes sur la Nationale 86, lui en direction de nouvelles aventures et moi, en direction... ...du boulot.
Pour la suite, voir l'intéressé lui-même !