Après quelques jours de vacances dans le nord des pouilles (la réserve du Gargano => je recommande chaudement, faut juste une voiture pas trop grosse et vec une première courte car ils ont l'habitude de faire les routes droit dans la pente vu que jamais de verglas), la rentrée ne m'a pas laissé beaucoup de répit. Par ailleurs, devant toujours faire attention à mes pulsations cardiaques pendant encore 1 mois et demi (120, c'est pas grand chose et on les atteint vite), j'avoue que j'avais un peu peur de prendre le volant de 15 suisse: un mélange d'angoisse de la vraie première fois et de peur qu'un truc ridicule me laisse en rade voire d'appréhension du bruit anormal qui vient petit à petit et qui fait monter l'adrénaline. Du coup, je me cachais derrière le fait de devoir faire le plein pour ne pas sortir.
Puis, ca a fini par me fatiguer. J'ai pris mon courage à 2 mains et profité de ce beau dimanche et d'un anniversaire auquel mes filles étaient invitées. Première chose, pomper l'essence. Évidemment, moteur arrêté pile pas où il faut pour ca, donc un petit coup de démarreur => ca va mieux. Et là je pompe, pompe, pendant peut être 3 minutes, sans que grand chose se passe. Du coup, je me demande si les 10l que la jauge marque encore sont justes car on ne voit pas des masses d'essence au fond du réservoir. Je repompe et au bout d'une minute, je commence à voir les chose bouger. Un nouveau coup de démarreur, et après 2 ou 3 tours, ca démarre!
Je charge Madame et les filles derrière: une grande première pour elles: sans siège et sans ceinture: un truc de fou pour ces cerveaux conditionnés aux autos modernes. Elles découvrent aussi les joies de l'odeur d'une auto de 51 au starter. Mais aussi un truc jamais vu: des vitres à manivelle! Et là, je sors mon arme fatale, le parebrise qui s'ouvre par le bas => je sens que je vais être le héros de la cour de l'école pendant un mois avec ce truc. Je pense bien à remettre de l'avance cette fois ci. Et là, elles découvrent le volant rouge translicide qui leur décroche un magnifique :"Ouah, trop stylé!". Arrive le premier virage: le cuir bien graissé, ca glisse

Puis découverte de ce que la liberté de pas être attachées permet : faire coucou aux conducteurs derrière par la lunette. Même Madame commence à me demander si je pourrai lui apprendre à la conduire, ce qu'on met comme essence dedans, etc...
On arrive sur place. Le risk manager qui sommeille en moi se réveille: je me gare dans le sens de la descente au cas où il faudrait gérer un démarrage capricieux. Je mets full retard et je ferme tout. Je reviens 5 mn après car toujours avec mon appréhension, j'avais mis le ventilateur (journée chaude) et j'étais pas certain de l'avoir coupé.
On fait tout ce qu'on a à faire sur place et arrive le moment du redémarrage: le démarreur tourne, le moteur ne se lance pas tout de suite, petite montée de sueur, j'effleure l'accélérateur => ca démarre. Direction la pompe pour remettre finalement seulement une cinquantaine de litres (mais je ne remplis pas à fond car pas envie de tout perdre sur la route du fait de la montée et toujours la peur de la grosse montée qui va se présenter devant nous : l'essence, c'est du poids). Je redémarre, et ca démarre sans soucis.
Et donc arrive le moment de vérité: 700m de dénivelée en 10 kms par 27°C et voiture bien chargée: le baptême du feu pour moi! On s'aligne sur la première ligne droite: la 2 puis la 3 qui tient sans soucis, mine de rien, on flirte avec les 80 et je suis à peine à mi course d'accélérateur. Première épingle, un coup de 2, ca repart sans broncher, j'arrive même à renquiller la 3. Je pensais bloquer les modernes, il n'en est rien: les voitures derrière moi n'ont pas de raison de me doubler, je tiens un bon 60 de moyenne. Je zyeute ma température, ca commence à monter au dessus de 80°C, je mets le ventilo et commence à appréhender la fin de la montée. Mes filles me distraient un peu, mais je ne vois pas grand chose qui s'améliore avec le ventilo. Puis je me rappelle qu'il vaut mieux être en 2 qui mouline qu'en 3 si on veut gérer la température. Je tombe la 2, et effectivement, après quelques instants, je retombe sous les 80. Du coup, je coupe le ventilo, même combat, température stable sous les 80°C. On arrive gentiment vers les haut de la montée et je me dis que même si je tire un peu sur la bête, elle n'aura pas pe temps de monter trop en température. Je m'enhardis donc et découvre enfin un son digne d'un 6 cylindres. Les rapports s'enquillent: autant le 1 => 2, je n'ai pas trouvé de stratégie autre que d'attendre pour le passer, autant le 2 => 3 et 3 => 2 ne pose pas le moindre souci, même passé relativement rapidement. La tenue de route permet de prendre les virages avec une vitesse très actuelle, même quand on a l'habitude de voitures sportives au comportement rigoureux. Et le confort est étonnant, particulièrement sur les dos d'âne dont le passage est presque irréaliste.
Au final, grand soulagement et énorme plaisir. En fait, faut juste rouler cette auto sans se poser de questions et ne se préoccuper de la température que quand l'auto n'avance pas: Je n'ai pas encore trop testé les freins, n'ayant aucune idée de ce que peuvent endurer des tambours de cet age: sans doute plus que je n'imagine, mais pour le moment, je ne joue pas trop avec. Même en braquant à fond ou en marche AR, je n'ai rien senti qui ne m'angoisse. Et en rentrant, je la met comme d'habitude sur son chargeur ... pour constater que la dynamo a bien fait son office et que la batterie est déjà chargée. Bref, un grand moment qui fait du bien au coeur!