Bonjour,
Pour ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir aller à Avignon ce ouiquende (j'en suis), voici un petit délassement : le reportage de la réparation du fond de la boîte à gants de ma Légère (1957). Je sais, quand tant d'autres nous assomment avec leurs boîtes de vitesse, leurs roulements, leurs cardans, leurs réglementations, leurs circuits, et j'en passe, c'est inespéré.
Motif : je me suis offert les livrets de bord au Club mais pas moyen de crâner avec quand ils disparaissent au fond de la boîtagan. Il fallait donc agir sans trop tarder, c'est une autre urgence que le contrôle technique alors que les gosses acceptent (enfin, sales mômes) de grimper dans la voiture à Papi pour tout tripoter - heureusement que c'est d'une autre qualité que les contemporaines, j'en suis à 12 comodos sur la mienne.
Les problèmes à surmonter : maîtrise de la mécanique (au sens large) égale à zéro, voire négative ; voiture garée au fond du parking souterrain ; éclairage symbolique ; outillage réduit aux tournevis et clés plates de mon père, qui se fournissait vers 1960 ; connaissance du sujet égale à la maîtrise de la mécanique, voire inférieure ; pour finir, grandes mains et grands doigts, pratiques pour talocher les gosses qui touchent à tout mais en l'espèce, handicap certain.
Action : n'écoutant que mon courage, j'abaisse la porte de la boîte à gants, me cale la lampe électrique dans la bouche (vous pensez que les enfants me l'auraient tenue ?), m'empare du tournevis et en fiche la pointe dans la première tête de vis que je vois, celle du haut. La tête, effrayée par ma froide détermination, cède immédiatement. Et d'une. J'avise alors la seconde, côté gauche. La fourbe décide de résister. A force de méchancetés prononcée d'une voix mâle et décidée - et après avoir ramassée la lampe et l'avoir remise en place, ptoui ! - et ayant repris le tournevis à deux mains, je la fais plier - enfin, tourner. Ahah !, fais-je, et je reramasse la lampe. Et de deux. Là-dessus, le petit me parle de la tige qui tient la porte. Plus tard, lui réponds-je. A présent, les boulons. Disposant tout mon arsenal de campagne sur le terrain, je fais jouer les clés plates sur celui de droite : je pose la 1ère clé en dessous, je tourne la 2nde au dessus, celle du dessous tombe, je jure, la lampe tombe, c'est une solution très pratique pour nettoyer le tapis de sol, je reprends la lampe, puis la clé, puis je recommence, c'est comme ça qu'on avance. Au bout de 45 mn, le boulon, l'écrou et la rondelle dans la main, j'exulte, j'en ai bien le droit. Fort de ce succès, et maintenant que les enfants lassés sont allés jouer plus loin dans ce parking obscur au 2nd sous-sol dont j'ignore au juste l'étendue et les limites, mais ça va, ils sont grands, ils ne portent plus de couche, j'avise le dernier machin qui retient cette foutue boîte avec tout le calme olympien qui me caractérise. Je domine la situation. J'ai appris mes échecs : la lampe ne tombera plus que 12 fois dans cette dernière phase de l'opération. Echecs, que dis-je, déconvenues passagères ! Bon, seul truc, le gosse avait raison, au premier coup de clé réussi, la porte fiche le camp en travers, guidée par ce guide que j'aurais sans doute dû déposer dès que possible (mais quand, au juste ?). Ca fait quatre heures et des brouettes que je m'esquinte quand je sors enfin de la voiture avec la porte dans les deux mains. Petit entracte, le temps de retrouver les enfants en train de siphonner les voitures des voisins, leur expliquer qu'il ne faut pas et les ramener à leur grand mère avec l'ordre de ne pas les laisser sortir vivants de chez elle avant que moi ou leur mère ne vienne les libérer. Et me revoilà pour déloger la boîte proprement dite, avec mes gros doigts. Le soleil vient à peine de se lever que la voilà, enfin, à l'air libre. Victoire. Modeste, mais victoire quand même.
Fichiers joints: |

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