Samedi 19 septembre 2009 sur le coup de 16heures…
Moi, assis sur le bord du trottoir, un verre de bière à la main: "
Léontine, ma sœur Léontine, ne vois-tu rien venir?"
Elle, avec son accent de la Creuse d’où elle est originaire: "J
e ne vois que le ciel qui verdoie et la route qui poudroie… ou le contraire, je ne sais plus."
J’ai beau lui raconter une histoire tous les soirs comme dans la pub (vous savez… "Une gamme très jeune!"

), Léontine a une culture des plus limitées en ce qui concerne les contes de Perrault.
Une heure plus tôt j’avais appelé Pierre sur son portable pour savoir où il en était de son périple. Je me disais que le gaillard avait dû quitter tôt son Pays de Vaud natal et qu’il ne tarderait plus à arriver… Précision suisse oblige!
Il fallait que je sache à peu près son "timing" car je devais aller faire des courses: à part l’eau du robinet, je n’avais que des boissons alcoolisées à la maison! La honte: encore un Tractionniste qui allait me prendre pour un poivrot!
A 15 heures, donc, Pierre était aux environs de Verdun. Il ne serait à Othe que dans une heure. Je pouvais donc aller faire mes emplettes en me dépêchant.
Et à 16 heures 05, de retour du Super U local, toujours avec ma choppe: "
Léontine, ma sœur Léontine, ne vois-tu rien venir?"
Elle, distraite, encore essoufflée qu’elle est de la course rapide au Super U: "
Je ne vois que l’herbe qui merdoie et la route qui … Aaah! Siiii! Là-bas, au carrefour de Bazeilles…! Une copine!!!"
Elle en est toute émoustillée, la Léontine. Encore un peu, elle frétillerait de la malle arrière comme… Je préfère ne pas vous dire quoi.
En effet, au carrefour de Bazeilles, une Traction semble hésiter.
On imagine le pilote regardant d’un œil vague, lassé par un long voyage, la carte ou les notes qu’il a prises sur le trajet à effectuer.
Le suspense est à son comble: va-t-il se gourer ou non?

Ce sera non.
Bruit éloigné mais caractéristique d’un petit coup de marche arrière, puis de la première qu’on enclenche…
Pas de doute, c’est Pierre. D’ailleurs, je me demande quelle autre Traction s’aventurerait dans les environs…
Mais déjà, voici notre Vaudois qui sort de son carrosse, frais comme un gardon… et déjà, sa Traction me donnerait (presque) l’envie de restaurer Léontine. C’est dire ! Rien qu’à les regarder l’un et l’autre, on pressent le confort et le silence d’une mécanique bien restaurée, de sièges rembourrés comme il se doit, de joints prêts à affronter les pires orages sans laisser entrer une goutte.
Léontine fait sa timide et je la devine complexée par sa malle bombée bien bombée du côté droit…

Présentations : nous ne nous connaissons que par fora (Bistrot, GMT, TU) interposés.
Et comme il se doit, nous nous montrons réciproquement nos dessous. Enfin… je veux dire ceux de nos bagnoles : deux chiens qui se rencontrent se reniflent le derche ; deux Tractionnistes ouvrent leurs capots, c’est bien connu.
Je vous montre les images, mais je vais passer chastement sur le sujet : y a pas photo !

D’un côté, ça rutile ; de l’autre, ça charbonne. Je vous laisse deviner qui est qui…
On parle technique et Pierre s’aperçoit sans doute rapidement que ma réputation de nullité mécanique est largement en dessous de la triste vérité.
On s’angoisserait presque : demain, Jérôme Collignon, le Pape de la Traction nous rejoint. On sait son amour de l’authentique et Léontine a un allumeur électronique tandis que Pierre a effectué quelques modifications peu orthodoxes…
Comment va-t-il réagir ?
Serons-nous excommuniés?
Chassés à jamais de la Très Sainte Communauté Tractionniste?
(Jérôme, maintenant que nous nous connaissons, tu sais que je plaisante !)
En fait, il faut bien le reconnaître, nous sommes intimidés.

On boit un coup, on casse une petite croûte : du saucisson et du Gruyère apportés par Pierre et du vieux jambon sec, une spécialité d’ici qu’il faut couper à la tronçonneuse ou à la scie à métaux tellement il est dur.
Le soir, dîner dans un petit restau de Marville (Meuse, 55), chez mon pote Denis, le roi des Routiers.
En sortant du restau, discussion technique entre Pierre et un autre client, peintre en automobiles : ça cause de diluants, de durcisseurs, de peinture tendue (ou je ne sais quoi) ; bref, de trucs auxquels je ne comprends rien…
Retour de nuit à Othe, durant lequel je découvre, ahuri, la véritable utilité des phares…

Dodo de bonne heure : une longue journée nous attend demain … !
(A suivre...)