Vendredi 4 septembre 2009:
Comme à son habitude avant un départ, Léontine me fait son cinéma: le câble du démarreur casse. J’en ai deux d’avance (au cas où) mais bien entendu… ils sont à Othe (54). Ça, c’est malin!
A chaque fois que je devrai démarrer, faudra donc que je me crame les doigts à titiller le bitonio (pour ceux qui ne le savent pas encore, c’est le nom savant du contacteur).
Samedi 5 au petit matin, car les grands départs se passent toujours au petit matin:
Départ de Moulins (03), seul: Brigitte reste là-bas encore deux semaines (vais me venger et faire la bringue pendant 15 jours, moi…!)
Je vous fais grâce des angoisses inhérentes à la préparation des grandes expéditions, les frissons par anticipation de l’aventure: n’ai-je pas oublié ma brosse à dents, mon tire-bouchon, etc…
Le bocage bourbonnais est dans la brume et ça caille alors, je mets le chauffage. Enfin… je tourne le bouton de chauffage sur la position «Ouvert». Sans grand espoir car en prévision des chaleurs estivales, j’avais démonté avant Arras le tuyau amenant l’air chaud dans la «cabine de pilotage», et je l’avais laissé à Othe pour ne pas encombrer le coffre.
Petit arrêt à Decize où le pont sur la Loire est caché dans le brouillard!
Et ça ne s’arrange pas après Decize… Entre la brume, le soleil de face car je vais vers l’Est, les essuie-glaces et leur légendaire efficacité et le pare-brise sale, il est parfois difficile de savoir où est la route!
Quelques camping-cars pas encore bien éveillés se traînent et il serait suicidaire de les dépasser. J’en arrive une fois de plus à me poser cette question métaphysique: «Les camping-cars ont-ils réellement un autre usage que celui d’emmerder les autres conducteurs?» Désolé si certains d’entre vous pratiquent ce type de véhicules! Je suis toujours de mauvais poil quand je me lève tôt.
Mais bon… je reste calme et je m’arrête pour pisser un coup histoire de décompresser et de laisser l’un de ces gros veaux prendre un peu de large.
Et puis en attaquant les marges du Morvan, vers Château-Chinon, la route s’élève un peu et tout se dégage…
Les virages serrés s’enchaînent sous un ciel bleu; conduite «sportive» de rigueur, un vrai bonheur qui me rappelle les virées de jadis en moto (BMW R75/5), dans cette région, avec les membres du moto-club «Totem» de Longuyon.
Petite pause au bord d’un des nombreux lacs morvandiaux pour profiter de l’air frais. Des bancs de brume s’accrochent encore au sommet des pins, des pêcheurs déballent leur matériel.
Ça fait environ deux heures que je roule et il est 10 heures.
Peu avant Vézelay, halte souvenir traditionnelle à Pierre-Perthuis.
Le vieux pont dit romain (il date en fait de 1770) n’a pas changé depuis que la photo en noir et blanc a été prise, pendant l’été 1953. J’avais presque deux ans et je courais partout. Nous avions campé au bord de la Cure (le nom de la rivière, pas la maison du curé!) et mes parents avaient toutes les peines du monde à m’empêcher de tomber à la flotte.
Lieu souvenir, car Brigitte et moi avions également campé là pendant l’été 1974, lors d’un voyage en 2cv. Il y avait eu un gros orage dans la soirée et Brigitte avait eu peur que l’eau monte brusquement. Du coup, nous avions commencé la nuit avec les pieds en dehors de la tente (pour sentir l’eau monter le cas échéant!) et nous l’avions achevée… dans la Deuche! On était jeunes et cons.
Une dizaine de kilomètres après Pierre-Perthuis, nouvelle halte traditionnelle, à Vézelay, où le païen que je suis ne se lasse pas d’admirer la «Madeleine»
Apparemment, des travaux ont été entrepris et ce n’est pas du luxe: si l’intérieur de la basilique est maintenu en bon état l’extérieur, lui, avait nettement besoin d’être ravalé.
Le célèbre tympan de la façade, dit du «Jugement dernier». En réalité de style Néo-roman, puisque réalisé aux alentours de 1850 sous la direction de Viollet-le-Duc...
… et celui, encore plus beau, du narthex: il date des environs de 1150. Du pur Roman, lui. Ceux que ça intéresse peuvent en savoir plus ici:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Basilique_ ... C3%A9zelay La nef, majestueuse avec l’alternance de pierres claires et sombres de ses arcs:
Et puis quelques chapiteaux… Un rêve de pierre!
Le premier représente le «moulin mystique»… Pas celui de la Traction bien entendu! Le personnage de gauche, Moïse, représente l’Ancien Testament et verse le grain dans le moulin; celui de droite, Saint Paul, représente le Nouveau Testament et récolte la farine… Le symbole du passage d’une tradition à une autre.
A suivre…