Salut les copains!

Il est neuf heures du matin à Saint Hilaire en ce dimanche qui s’annonce beau. J’ai bien dormi, merci ! Je puis donc m’appliquer à la tâche de raconter le premier épisode d’un été qui ne risque pas d’être triste...
Donc avant-hier, Rome est victime d’une série d’orages et de tempête de grêle qui dure toute la journée. Je me dis que ce n’est pas tellement idéal pour se mettre en route et faire mille kilomètres en Traction ! J’ai prévu le départ à 22 heures pour une route de nuit en pur style années soixante (vous rappellez-vous ?), quand on voyageait en nocturne pour éviter la canicule. C’était alors de joyeuses bandes de vacanciers qui descendaient des pays froids pour aller se brûler au soleil de la Méditerranée. Je me souviens bien des arrêts aux aires de service italiennes Gran Pavesi vers trois heures du matin, pour boire un thé froid au citron. Tous les gens avaient ce regard un peu paumé des voyageurs de nuit, et l’on parlait à voix basse comme pour ne pas réveiller les autres...

Bon, retour à vendredi dernier à vingt heures. L’ennième orage grondait de tonnerre et d’éclairs, quand tout-à-coup un rayon de soleil perça les nuages. Quelques instants plus tard apparaissait un majestueux arc-en-ciel...


Quel meilleur auspice pouvais-je souhaiter ? Le Tracbar peut démarrer dans une température fraîche. Je descends les bagages au garage : valises, cartons de vin, tente, matelas pneumatiques, sacs de couchage, cadeaux, deux guitares, un ampli. Je remplis le compartiment arrière et recouvre tout le bordel avec un joli sac de couchage aux motifs floréaux... A 22 heures pile (on n’est pas né en Suisse pour rien !), je sors la voiture du garage et sous un ciel étoilé, me mets en branle pour le sixième Tracbar Rome – Saint Hilaire en six ans !

Premier arrêt, premières douleurs... au portefeuille ! Je sens que je ne vais pas beaucoup aller au restaurant durant ces vacances : c’est la lourdasse qui va consommer tout le budget alimentaire !

Depuis le tracbar de décembre dernier, je me rends compte de n’avoir plus aucune espèce d’appréhension quand je m’élance pour ces cavalcades kilométriques. La Traction ronronne déjà, je maintiens un bon 95 km/h sur l’autoroute et après quatre heures de voyage, je calcule une moyenne de 80km/h et une consommation de 11l/100km.
Par contre, les distractions ne font pas foule. Cette fois-ci, malgré une presque pleine lune, le scénario c’est plutôt ça...
Je m’arrête deux fois pour un petit somme – il ne faut pas risquer ! – et au moment de me réveiller du côté d’Imperia, voilà l’aube qui pointe son nez...

Alors, l’autostrada dei fiori (autoroute des fleurs) comme on appelle cette oeuvre d’ingégnerie civile des annés soixante, c’est des viaducs, des tunnels (une fois avec ma fille petite, nous les avons comptés : il y en a 183 entre La Spezia et Venitmiglia !), des petits villages sur les collines et la mer à quelques brasses...




Enfin, je quitte l’Italie, et voilà Nice,

la Côte d’Azur, les parfums de lavande, de romarin, les pins maritimes, les palmiers, le chant des cigales... Le souvenir des vacances de mon enfance resurgissent intacts et c’est le bonheur qui vient frapper à ma porte. Je chante Brassens à tue-tête. Bref, je suis extasié !

A Mandelieu, comme le veut la tradition, je quitte l’A8 et m’enfile dans les tournants de la Nationale 7 qui traverse le Massif de l’Estérel.
Ah, les premiers platanes... C’est le Midi !

Qui ne l’a pas encore fait, doit une fois dans sa vie prendre la Traction et traverser l’Estérel. QUE DU BONHEUR ! Un tournant à gauche, un à droite, re-à gauche, re-à droite... pendant 25 kilomètres. Le tout dans un décor bucolique qui débouche à la fin sur la Grande Bleue à Fréjus.



Autre tradition à respecter : l’halte à la bonne auberge « Chez Olivier », un ami tractionniste à Vidauban dans le Var.

Cette fois-ci c’est pour le petit déjeuner. Françoise me reçoit à la maison, alors qu’Olivier revient de la boulangerie les bras pleins de croissants, de petits pains au chocolat, de baguettes. Nous nous attablons sous la véranda et après quelques instants, voilà Elio, il Commendatore, qui nous rejoint. Il ne faut pas plus de deux minutes pour que nous barjaquions déjà de Tractions et autres vieilleries...

Mais il faut que je reparte, j’ai encore 250kms à faire. J’embrasse les amis si généreux et vroum au quart de tour !

Le Var c’est avant tout un océan de vignobles et ça ne me déplaît pas (tiens?

).

Au bout d’une heure, voilà sa majesté La Montagne Sainte-Victoire qui se dessine à l’horizon de la N7.

Une pensée amicale pour la Rackkafamille

, quand je passe sous la montagne si chère à Cézanne, et me voilà pris dans des queues infinies dans le pourtour d’Aix-en-Provence. Pleins de plaques belges, hollandaises, suisses et anglaises. La crise serait-elle terminée ???
Et c’est là que tout-à-coup, en regardant dans mon rétroviseur, se matérialise une apparition. J’en rêve depuis le premier Tracbar. Voir une Traction inconnue sur la route des vacances !

Le conducteur est un jeune très concentré au volant de sa 11B de 1955 je dirais, d’après la couleur. Mais il me fait un gentil signe de la main, alors que nous essayons de ne pas nous faire tamponner par la meute des autos qui foncent dans tous les sens.


A la sortie d’Aix, la N7 passe par Célony et son fameux totem Total ...

Puis c’est Saint Cannat, où je décide de m’offrir une diversion. Je vais quitter la N7 et prendre par Salon-de-Provence (où je respecte le signal !

)

pour remonter à Saint Hilaire par Tarascon, Beaucaire et Remoulins.
Et devinez où l’on passe dans ce cas-là ? Coucou Gégé, c’est en pensant à toi...





Et les platanes ici aussi...

Puis c’est Tarascon

Beaucaire et son canal de péniches et bateaux de plaisance

Enfin, au fond des vignobles, j’aperçois le clocher de l’église de mon village bien-aimé.

Après seize heures de route, je suis enfin à la maison!



Le soir, après une bonne sieste, je vais dîner chez l’ami Chuck, avec Roberto et Christiane.
Le premier verre de rosé de la saison...


Et nous passons aux choses sérieuses !

Quand je me mets au lit à onze heures du soir, j’ai encore le corps et le coeur à bord de la Lourdasse. Quelle joie pure que de voyager dans cette auguste automobile !
Je ne le répéterai jamais assez, mes frères et soeurs : prenez vos Tractions et partez à l’aventure. Depuis dix ans désormais, je regarde ces pauvres humains dans leurs SUV, 4x4, Mercedes BMW Audi C5 408 Lagune etc., et je ressens à leur égard une pitié je l’avoue un peu hautaine. Ils ont peut-être la clim’, mais ils n’ont pas l’atmosphère...

Bon, c’est pas tout ça ! Je dois nettoyer la maison de fond en comble, car demain c’est l’invasion Baker qui commence : nous allons être une quinzaine de personnes à la maison ! EVVIVA !!!
