Le Pitroën (testament)
Les missions d’un club de Traction ou "Le Club Idéal" :
Commenter les sorties ou faire un bon mot ne m’intéressent guère. Je ne conçois pas le plaisir en Traction sans une certaine efficacité, me posant toujours la question "So what ?" (oui et alors quoi ?). Je préfère réfléchir sur l’organisation de notre petit monde selon l’Esprit Citroën, l’écriture ne coupant pas de la réalité.
Après la manifestation idéale, le musée idéal, je vais vous parler de mon club de Traction idéal. Aux esprits chagrins, je précise que ce n’est qu’un club imaginé. Il est possible que vous retrouviez des éléments connus, c’est normal. Notez que je n’ai nullement l’intention de le créer, ni de diriger quoi que ce soit. J’ai assez fait en 22 ans d’engagement associatif. A chacun de se positionner sur cette proposition. Voici le "RTF" : Rassemblement des Tractionnistes de France. On imaginerait le RTB en Belgique, le RTH en Hollande, etc. …et le RTE pour l’Europe.
Donc me voici virtuellement Président du RTF. J’examinerais ce qu’apporte la cotisation payée par mes adhérents en terme de prestations de services ou avantages. Non pas que cela m’importe plus que la convivialité mais parce que chacun est capable d’organiser une sortie sans avoir recours à une structure associative (j’ai fait cela à Othe et je note que l’autre forum encourage cette tendance). Si je crois fortement à la notion de bénévolat et d’adhésion, je ne néglige pas la séduction que doit exercer toute structure associative. Les plus que le RTF apportera le légitimeront et lui donneront sa consistance.
1) Un plus en terme de structure :
Une structure avec siège central à existence juridique unique et des sections autonomes dans l’animation est la plus favorable. Elle évite les scissions puisqu’il n’y a qu’un seul chef, impose une standardisation des outils de communication (documents, matériel identiques avec identité régionale, section RTF Lorraine, section RTF Nord, section RTF Bretagne, etc.). Je vérifierai que chaque section dispose des mêmes outils siglés.
Je retiendrai la notion de quote-part de cotisation qui repart vers le siège pour financer des dépenses nationales, par exemple : le site
www.rtf.com ou la revue "le Petit Tractionniste IllusTré". Toutes les dépenses seront envisagées dans un esprit collégial. L’existence de locaux centraux n’empêchera pas l’émergence de locaux régionaux. Chaque section ne pouvant supporter seule de telles dépenses, le surplus des finances centrales y pourvoira et le RTF investira en région dès qu’il le pourra. Ainsi l’argent ne sera pas seulement centralisé vers le siège mais effectuera un va-et-vient.
La structure du Bureau central sera la plus légère possible (7/8 personnes maxi) ceci afin de favoriser sa réactivité. Les réunions centrales seront mensuelles avec possibilité de se voir une fois par semaine en cas de décision urgente. En tant que Président du RTF, je ne supporterais pas que mon club soit à la traîne dans l’actualité tractionniste pour cause de bureaucratie.
Je délèguerai le plus possible aux sections RTF. Ainsi certaines réalisations nationales pourraient très bien être initiées en région. Les réunions annuelles se tiendront à une date standardisée 15 jours après la réunion annuelle centrale afin de répercuter les décisions. La réunion centrale ou AGO comprendrait chaque responsable de section accompagné d’un collège de grands électeurs (un par tranche atteinte de 10 membres à jour de cotisation au 31/12), ce serait un peu plus coûteux mais cela éviterait que seuls les membres locaux soient présents. Ceci donnerait plus de démocratie et de représentativité à chaque section, la poussant à s’agrandir. Le quorum serait fixé en conséquence.
Chaque nouveau membre serait présenté par un membre plus ancien, lui permettant de s’intégrer et en général de mieux gérer les relations internes, l’ancien étant responsable du nouveau. Je ne connais pas beaucoup de clubs français qui ont ce courage. Je m’inspire tout simplement de l’exemple anglais : sans toutefois vouloir créer de secte, j’essaierai de créer une confrérie unie. On peut imaginer une année en tant qu’observateur.
2) Un plus en terme de services :
Les services que le RTF apporterait seraient nombreux, de l’achat à la vente d’une Traction : sites d’achat/vente, guide d’achat/vente, assurance, diffusion de savoir (technique, historique, entretien), supports (revue, site), proximité avec les instances nationales (FFVE, Amicale Citroën), etc.
Je créerai un livret d’accueil à parution annuelle qui regrouperait :
Sites Internet ou lieux d’achat/vente (liste exhaustive souvent demandée)
Assurance : gain par rapport à la concurrence, limites et recommandations (ex. boîte 4 non couverte) ou avantages (ex. assurance flotte)
Liste des pièces disponibles rares et/ou pièces courantes avec gain sur le prix habituel (par transparence : marge du club sur les refabrications)
Liste des outils disponibles dans chaque région (prêt contre caution)
Liste du Réseau Tractionniste susceptible d’accueillir un tractionniste en panne
Liste des articles techniques et historiques parus dans le P’TIT
Sans oublier les statuts du club (conformes à ceux préconisés par la FFVE, c’est-à-dire encourager le respect de l’origine), but du club, trombinoscope du bureau directeur et des responsables de région, etc.
Je préconiserai que chaque tractionniste reçoive plusieurs cours de mécanique par le club rendant plus aisé la compréhension de sa voiture. Ceci est possible à peu de frais, grâce à la force du bénévolat et renforcerait les liens entre adhérents. Tous les intervenants, professionnels, historiens seront particulièrement chouchoutés s’ils contribuent bénévolement au renom du RTF. Je les inviterai aux réunions de bureau.
3) Un plus en terme de produits dérivés :
La plupart des associations investissent dans une panoplie souvent peu en rapport avec leur activité. Au-delà des tee-shirts, montre, pin’s, le RTF essaierait d’imaginer mieux : il proposerait par exemple à chaque adhérent l’outillage spécifique Traction siglé RTF à un prix raisonnable. Plus efficace en ces temps de crise…
Les sections éviteront de se lancer dans du business qui n’ont rien à voir avec leur mission. Elles éviteront de se mettre en avant et de développer des produits dérivés spécifiques qui auraient pu avoir une diffusion nationale. Si elle décide de participer à une opération commerciale privée qui ne relève pas de sa création à au moins 75%, la section RTF se refusera à prendre une marge sur la vente mais au contraire obtiendra un rabais important pour ses adhérents. Une cravate qu’on peut trouver sur le marché avec un simple ajout du sigle RTF = pas de marge, rabais. Une cravate originale inventée pour le RTF = marge possible.
Le matériel de communication (calicot, autocollant, papier à entête, etc.) serait harmonisé. Selon les ressources financières, contre caution, je remettrai un écusson de calandre à chaque membre en l’incitant à le fixer. Nombreuses sont les voitures dont on ne connaît pas l’appartenance. Je considère qu’on ne peut pas à la fois être adhérent et refuser d’afficher son adhésion. L’écusson serait rendu après départ.
4) Un plus en terme de pièces détachées :
Notons que cette activité est à la limite de la compétence du RTF. Un club n’est pas un marchand de pièces. Ici aussi, je préconise que le RTF réalise une marge uniquement lorsqu’il apporte une valeur ajoutée :
S’il vend des pièces courantes, son rôle est de vendre à un prix inférieur à celui du marché, sans marge.
S’il vend des pièces rares, le RTF en récompense de son travail, doit prendre une marge qui servira à alimenter un fond de roulement nécessaire à la création d’autres pièces. Idem s’il imagine la pièce mais la fait commercialiser par d’autres (achat sur présentation de carte de membre à jour). L’idée est de toujours encourager le bénévolat et de sectoriser recettes et dépenses. Cette activité sera tournée vers le réinvestissement et/ou la qualité. Le RTF pourrait labelliser les pièces du marché en conseillant ou déconseillant leur achat. Une communication dans une revue vendue publiquement sur les salons n’est pas souhaitable. Un cahier encarté diffusé aux seuls adhérents, restant privé, ne doit pas poser de problème. C’est ce que voulait faire la GMT. Pour le RTF, je jugerai indispensable de mettre en place cet outil.
N’oublions pas qu’une association qui vend des pièces est responsable de leur qualité à charge pour elle de se retourner contre son fournisseur en cas de litige.
5) Un plus en terme de sorties :
Une centralisation de l’information permettrait au RTF de regrouper tous les rallyes des sections françaises (belges pour le RTB, etc.). Les sorties sans valeur ajoutée ne pourraient faire l’objet d’aucune marge prise sur l’adhérent. Par contre si le RTF crée une plaque de rallye spécifique, celle-ci pourra être revendue avec une petite marge. L’adhérent ne doit rien d’autre à sa section que sa cotisation annuelle.
Le RTF encouragera la découverte des régions. Dans chaque section, un adhérent volontaire prendra en charge l’intégration des nouveaux et des membres d’autres sections venus en visiteurs.
Le RTF évitera de créer des sections en fonction d’une spécificité : une section "15.6H" ou "1934" ou "Berlines" ou "Traction de plus de 20.000€" sera superflue. A quoi servirait-elle sinon à cultiver l’ostracisme ? Une telle décision ne serait qu’une rustine pour combler une animation déficiente.
6) Un plus en termes de relationnel interclubs :
Le RTF se tiendra informé et tiendra informé ses adhérents des manifestations des autres clubs Traction et instances nationales et créera des rubriques distinctes pour cela. Il nommera pour cela un responsable relations externes. Le risque à voir se mélanger les adhérents de différents clubs et de voir fuir des adhérents du RTF serait une bonne façon pour lui de se remettre en question. L’avantage serait de pouvoir regrouper des commandes de pièces et d’agir en commun.
En conclusion : une association qui n’apporte pas une différence de service ou d’esprit ne peut espérer se développer longtemps et atteindra sa limite. Une croissance n’est jamais infinie. Au fur et à mesure, les kilomètres imposent d’être imaginatifs ! Rouler n’est qu’une question de finances, chacun sait le faire. Quant à la mécanique… la belle activité de certains forums le montre, l’avenir sera à la prépondérance de la technique et des échanges sur comment bien restaurer sa voiture. Un grand club ne doit pas oublier cet aspect.
Jérome COLLIGNON