Et moi je relève toujours la même erreur de base: quand on part du principe que 1=0 au début de sa démonstration, tout ce qui suit, même si très logique, ne permet pas d'assurer la vérité au bout. Le concept du maillon faible.
Les moteurs thermiques continueront d'exister au même titre qu'il existe encore des chevaux et des calèches, encore des gens qui se déplacent à pied ou en vélo, encore en bateau à voile. Au même titre qu'il existe encore des bateaux de croisière même si personne n'utilise plus ces engins pour se déplacer. Il existe encore des maisons en pierre ou en bois, malgré le béton. Donc le moteur thermique va passer du statut de quasi monopole pour le déplacement à disparition pour cet usage. Mais les autres usages resteront et pourront d'autant plus rester qu'ils ne correspondront plus à un impact quantitativement significatif.
Défendre le moteur thermique pour se déplacer est un combat aussi perdu d'avance que l'était le combat précédent de défendre la traction animale pour se déplacer. Il est temps pour le moteur thermique de changer de statut. Est ce que les chevaux et les amateurs de chevaux se portent plus mal depuis qu'on n'utilise plus la traction animale? Est ce que la passion du cheval a disparu? Non. Le cheval ne sert plus à aller d'un point A à un point B, le cheval n'est plus envoyé en boucherie dès qu'il n'est plus assez performant, le cheval se porte très bien, même mieux qu'avant. Il en sera de même pour le moteur thermique, il en a été de même pour les montres mécaniques vs le quartz: La montre mécanique se porte bien mieux depuis qu'on ne l'utilise plus pour savoir précisément l'heure mais qu'on la chérit pour le chef d'oeuvre d'ingéniosité qu'elle représente.
Donc acheter électrique, c'est précisément rendre plus soutenable la consommation de carburant et permettre qu'elle dure plus longtemps pour faire rouler nos anciennes pour le plaisir encore des dizaines d'années.
Et avoir du plaisir, ce n'est pas avoir du plaisir en toutes circonstances: j'ai plaisir à faire du ski ... quand j'ai de la bonne neige. Nettement moins de plaisir quand la piste est remplacée par un tas de rochers. J'ai plaisir à rouler ma Lotus Elise sur de petites routes. J'ai l'honnêteté de reconnaitre que l'utiliser sur une autoroute est une purge: car oui, ca vibre, c'est super bruyant (4500 rpm à la vitesse limite), il y fait ultra chaud et ca fait fondre sa valeur, rapproche le moment où je devrai refaire son moteur (eh oui, un moteur qui prend plus de 8000 rpm, ca a une durée de vie pas infinie) et donc c'est un usage pas du tout optimal: pas de plaisir et on paie le prix fort.
Une traction n'a pas été concue pour être agréable sur autoroute, ca n'existait pas à l'époque. Pas concue pour être un plaisir en embouteillages, ca n'existait pas à l'époque. Pas concue pour être protégée des chocs de la circulation urbaine actuelle. Ca n'a pas été concu pour penduler, le pendulage était marginal à l'époque. Pas concue non plus pour une société où le temps devient le facteur limitant. Donc le 95% de l'usage d'aujourd'hui est hors du cahier des charges de l'auto. Du coup, oui, dans cet usage, elle n'est pas un plaisir. Alors qu'en usage pour rouler sur de belles départementales désertes, tranquillement, à 70 km/h, ce n'est que du bonheur.
Effectivement, la société fonctionne sur des circuits financiers et commerciaux. Il existe des sociétés qui fonctionnent différemment comme la Corée du Nord. Même si notre société n'est de loin pas parfaite, elle me semble moins mauvaise que l'autre option à notre disposition. Quand à la finance, je me permets d'en parler car le la connais pour avoir été banquier pendant 2 décennies: la finance n'est qu'un outil, le problème est ce qu'en fait celui qui le tient. Fustiger la finance est aussi pertinent que fustiger le tournevis ou la la clef de 12. C'est très tendance en ce moment et donc ces messages rallient pas mal de monde. Mais on pourrait bien tuer la finance que le monde ne tournerait pas mieux car la finance n'est que l'outil et donc les mauvaises intentions continueront de s'exercer à travers d'autres moyens. En fait, le capitalisme est une avancée car il a permis un gain global pour la société. Avant, une personne qui avait du capital mais pas d'idée rendait ce capital stérile. Une personne qui avait des idées mais pas de capital ne pouvait elle non plus rien faire. Le capitalisme a permis de rendre ces situations fertiles. C'est ca la vertu de la finance. Le reste n'est que détournement par des gens qui de toutes manières auraient détourné même les choses les plus vertueuses.
Je ne me considère pas comme amoureux de l'écologie mais comme conscient que je ne peux pas durablement rouler tous les jours et pour tous mes usages en Traction. De nouveau, l'excès, dans un sens comme dans l'autre, ne mène à rien de bon. La viande rouge n'est pas mythiquement bonne à la santé. Donc je n'en mange pas matin midi et soir mais je ne suis pas non plus végétarien. Je tends à en avoir une consommation raisonnable. De même, ma Traction étant polluante, je tends à ne pas l'utiliser dans des usages stériles comme les bouchons ou l'autoroute, les trajets utilitaires mais à la réserver à l'usage plaisir. Aller, je vais même oser une grivoiserie: faire des galipettes avec Madame est une activité très agréable. Mais bon, je ne vais pas non plus passer ma journée à faire ça. Je ne suis donc pas amoureux de Madame? Je crains qu'il n'y alors sur cette terre plus un seul amoureux si on utilise cette définition étriquée qui veut que si on est amoureux, on ne fait plus que ca. Ca fonctionne aussi avec le bon vin: j'adore le bon vin. Mais si je devais en prendre d'un coup 3 litres, je serais juste malade et ce ne serait pas un moment agréable. Est ce qu'aimer le bon vin, c'est se prendre des mufflées comme un ado de 14 ans qui découvre l'alcool? Non, c'est apprécier avec une certaine modération ce doux breuvage.
A quel endroit est il écrit dans la constitution qu'il existe un droit inaliénable à se déplacer en voiture individuelle? Du reste, parler des ménages contraints à rouler en diesel, c'est oublier un peu vite que la population ayant accès à une voiture est une très infime minorité. Donc ces ménages ayant un vieux diesel sont en fait des nantis et donc les mettre en avant pour dire "regardez, les pauvres, comment vont ils faire?". Et bien ils feront comme la majorité de la population mondiale, ils trouveront des alternatives et je pense que même sans diesel, leur sort restera plus enviable que la moyenne des êtres humains. Enfin, cet argument est peu pertinent quand on est dans une collectivité de collectionneurs qui ont les moyens d'entretenir des autos pour leur bon plaisir pendant que des gens sont contraints de rouler en vieux diesel (sans vouloir paraitre méprisant, rouler en R19 1.9D, c'est quand même pas l'extase en termes de plaisir).
Quel est l'intérêt de faire 814 kms d'un seul coup? On recommande minimum une pause de 20 mn toutes les 2 heures. 814 kms, même à 130 km/h, ca fait bien plus que nos capacités biologiques. C'est donc totalement inutile et même dangereux. Je le répète, vérifié à de multiples reprises, je mets exactement le même temps pour faire des trajets de 650 kms en électrique ou en ICE. Et désormais, pour des trajets plus grands, je prends avion + voiture de location: le prix est le même, le temps et la fatigue sans commune mesure. Je le fais aussi en train quand il existe des correspondances raisonnables. La mobilité du futur ce ne sera plus de prendre sa voiture garée sous sa maison, de s'asseoir dedans, rouler 800 bornes pour arriver dans un autre garage sans avoir fait un seul stop. Le temps de recharge n'est donc un problème que dans la tête de ceux qui n'ont jamais roulé en électrique au quotidien. Même dans des endroits perdus, y'a toujours un paysan avec une prise triphasée à dispo, un gars avec une prise camping (recharge plus vite que la prise électrique simple), une épicerie qui a monté une station de recharge. C'est du vrai vécu par un gars qui a roulé 120 000 kms en 5 ans. Si vraiment le plein était un problème, je n'aurais jamais réussi à faire autant de bornes avec cette auto. Donc plutot que de démontrer que c'est invivable, il serait plus pertinent de comprendre pourquoi c'est vivable et pourquoi les gens qui ont vécu avec une électrique en rachètent derrière. il doit bien y avoir une raison...
Pour les urgences? J'appelle le 144 (en Suisse) et une ambulance (un hélico) vient me chercher bien plus vite que ce que j'aurais pu faire. Et au pire, j'ai des voisins. Et d'une manière générale, hormis trajets de longue distance, je n'ai jamais moins de 200 bornes dans ma batterie car dès qu'elle se vide, je la charge. Par exemple, ma voiture se charge pendant que je suis au bureau (pas de station essence dans le parking du bureau, mais des prises électriques, y'en a tant que je veux).
Et quant au gain d'une électrique, il se fait à l'usage. Donc oui, si on roule 500 bornes par an, pas l'a peine d'acheter une électrique ni même de voiture tout court: c'est bien plus rentable de louer. Mais si on roule, le fait de jamais changer les freins (mes plaquettes doivent être usées à 20% en 120 000 bornes), de ne pas avoir de services à faire sur la voiture, de ne pas avoir de soucis d'échappement devenant bruyant avec le temps, se corrodant, dont le catalyseur devient inefficace, dont le FAP se bouche, dont la vanne EGR péclote, dont les bougies de préchauffage claquent, dont le radiateur fuit, qui consomme de l'AdBlue, ca fait un gros paquet de dépenses en moins. Et je ne parle pas des moteurs avec des soucis style conso d'huile où il faut changer tout le moulin, le fait qu'on ne peut pas taper dans le moteur à froid sans l'user considérablement, etc. Et on parle de soucis de boite, d'embrayage, de pompe à essence, d'injecteurs, de filtres à changer ? Donc je le répète, pour avoir 8 véhicules, en avoir eu une trentaine dans ma vie, l'électrique est de très très loin celui qui me coute le moins cher, même si c'est le plus cher que j'ai jamais payé pour avoir une auto. Il m'est revenu infiniment moins cher que le thermique qu'il a remplacé.
Pour moi, le vrai débat est bien ailleurs: il y a une culture de l'automobile plaisir à transmettre aux nouvelles générations qui ne passent bien souvent même plus le permis: c'est une perte importante de richesse. Il y a des mentalités à faire évoluer pour nous assurer qu'un jour, ca ne deviendra pas pénal de rouler en ancienne ou tout simplement rouler pour le plaisir. Mais ce combat ne se gagnera pas en luttant contre un moulin électrique tel un Don Quichotte: on ne reviendra jamais aux conditions des années 50. Il convient donc de faire une place au moteur thermique dans le XXIe siècle.
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