Quelques infos sur le marché de "l'or noir" qui devraient nous rendre confiants en un avenir pétrolier radieux (et surtout bon marché ...

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Le WTI retrouve ses niveaux de novembre 2014 ! En hausse de 2,3% à 76,9 dollars sur le Nymex, le baril de brut léger américain (contrat août) est boosté depuis hier par l'annulation de la réunion de l'Opep+, faute de consensus entre ses membres sur la remontée progressive de la production. De quoi nourrir le spectre d'une lutte intestine néfaste pour le marché de l'or noir. Dans un contexte inflationniste, la stabilité de la reprise économique mondiale pourrait en effet être remise en cause, tout comme la capacité de l'alliance à conserver son contrôle durement acquis sur le marché du pétrole.
"Nous ne voulons pas d'une guerre des prix", a tenté de rassurer le ministre irakien du pétrole, Ihsan Abdul Jabbar. "Et nous ne voulons pas que les prix du brut augmentent au-delà des niveaux actuels". Après plusieurs jours de négociations tendues, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés ont abandonné leurs discussions entamées jeudi dernier, puis prolongées à deux reprises, sans parvenir au moindre accord.
En cause notamment, les dissensions entre l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unies sur le niveau de production d'huile. Abou Dhabi aurait exigé un relèvement de son niveau de référence, c'est-à-dire le niveau de production par rapport auquel les réductions sont calculées, selon une source citée par 'Reuters'. Un relèvement de la base actuelle (la production d'octobre 2018) aboutirait concrètement à permettre à Abou Dhabi de produire davantage, tout en respectant les coupes sur le papier. Un aménagement que l'Arabie saoudite, mais aussi la Russie, auraient refuseraient de cautionner.
Le différend, rendu public, reflète également une divergence de vues croissante entre l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Les Emirats ont cessé de s'engager dans le conflit au Yémen, après avoir fait alliance avec l'Arabie au sein de la coalition militaire combattant les rebelles houthis, Ryad conteste quant à elle la domination des EAU en tant que centre d'affaires et de tourisme dans la région du Golfe. Les EAU ont également accepté en août 2020 de normaliser leurs relations avec Israël, alors que l'Arabie saoudite n'a pas de liens diplomatiques officiels avec l'Etat hébreu.
Chose extrêmement rare, aucune nouvelle date pour la reprise des pourparlers n'a de plus été fixée. La conséquence immédiate de l'échec des pourparlers est que l'augmentation de la production prévue pour le mois d'août n'aura pas lieu, laissant le marché à court d'or noir au moment même où l'économie mondiale se remet de la pandémie de Covid-19. "Le marché pétrolier était déjà déficitaire, la croissance de l'offre étant inférieure à celle de la demande de pétrole", le maintien des limites de production actuelles de l'Opep+ est susceptible de faire grimper les prix, a déclaré à 'Bloomberg' Giovanni Staunovo, analyste matières premières chez UBS.
Très attentive à l'évolution des cours du brut, la Maison Blanche "suit de près les négociations de l'Opep+ et leur impact sur la reprise économique mondiale", a déclaré un porte-parole. "Les responsables de l'administration se sont engagés auprès des capitales concernées pour demander instamment une solution de compromis qui permette de faire avancer les augmentations de production proposées".
Le ministre irakien du pétrole a indiqué à la presse qu'il espérait "être témoin d'une date" dans les dix prochains jours pour une nouvelle réunion du cartel et de ses alliés qui devrait permettre de trouver un accord satisfaisant pour tous. Entre-temps, il s'attend à ce que les membres continuent d'honorer leurs quotas de production existants, et a estimé que l'impact sur les prix sera temporaire.
Face à la crise du coronavirus, l'Opep+ avait réduit l'année dernière sa production de près de 10 millions de barils par jour (bpj), avant de progressivement alléger ses réductions qui se situent actuellement à environ 5,8 millions de bpj. La reprise économique actuelle a stimulé la demande et a fait reculer les stocks mondiaux de brut, une situation qui nécessiterait de continuer à ouvrir les vannes pour alimenter une demande qui dépasse désormais l'offre.