Encore un truc à l'eau chaude... (24heures du 13 décembre)
Ils s’opposent à l’exclusion des voitures ancienneszones environnementales | Les propriétaires de vieilles mécaniques partent en guerre contre les zones écologiques, qui menacent de bannir des villes les véhicules polluants.
© STEEVE IUNCKER-GOMEZ | Bernard Huguenin et d’autres collectionneurs de vieilles voitures se battent contre la «vignette écolo».
Patrick Chuard | 13.12.2010 | 00:01
Les collectionneurs de voitures d’antan sont réputés pour leur calme olympien. Du moins quand ils se baladent, béret sur la tête, au volant de leur MG ou de leur AC Cobra de 1962. Mais ces temps, la colère gonfle sous les capotes en toile. «On s’est mobilisé en deux jours pour écrire des centaines de lettres», s’énerve Bernard Huguenin, un retraité genevois.
Ce qui chauffe les amateurs de belles mécaniques, c’est le projet de créer des zones environnementales. Des espaces urbains où ne seraient tolérées que des voitures récentes avec une vignette attestant qu’elles polluent peu. Genève a exprimé son intérêt, ainsi que le Tessin en 2008. Mais avant d’imposer la «vignette écolo» et les panneaux routiers qui vont avec, il convient d’abord de modifier la loi fédérale. Moritz Leuenberger a donc lancé une consultation avant de quitter le Département de l’environnement (DETEC) cet automne. Elle courait jusqu’au 26 novembre. «Nous n’avons pas été consultés! Nous l’avons appris au dernier moment», s’insurge Bernard Huguenin.
«On ne pouvait pas interroger tout le monde, ce n’était qu’une prise de température sur une proposition», se justifie Antonello Laveglia, porte-parole de l’Office fédéral des routes (OFROU). La consultation a énervé tout le lobby routier et les partis de droite: «Il y a eu beaucoup de réactions, y compris de privés», admet l’OFROU. Les socialistes, les Verts et l’Association Transports et Environnement (ATE) ont salué le projet. L’Union des villes suisses également, car la mesure inciterait «les automobilistes à acheter des voitures non polluantes».
Priorité à la santé publique
Les collectionneurs roulent pour leur paroisse. Leurs voitures-jouets sont des objets de passion. Celles qui ont plus de 30 ans, dans la catégorie vétéran, ne peuvent avaler que 3000 kilomètres par année. «Nous n’avons pas de catalyseurs, mais nous polluons peu, plaide l’avocat genevois Patrick-Etienne Dimier, fou de vieilles carrosseries. C’est une question de principe: exclus de nous éjecter d’une partie d’un réseau routier que tous les citoyens financent!»
... espoir...Face à la perspective de tracasseries administratives, le lobby routier veut croire que le projet a du plomb dans l’aile. Surtout que «l’avancée de la technologie résoudra le problème des émissions ces prochaines années», affirme le TCS. Les détenteurs de vieilles mécaniques misent, eux, sur l’arrivée de la démocrate-chrétienne Doris Leuthard au DETEC: «Espérons qu’elle ait l’intelligence de laisser tomber», lance Patrick-Etienne Dimier.
